agroécologie, une technique d'avenir en France

L’agroécologie, une agriculture responsable pour une transition écologique réussie ?

Helene

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L’agroécologie regroupe l’ensemble des méthodes agricoles respectueuses de l’environnement au sens large, c’est-à-dire peu consommatrices de ressources (eau, énergie, denrées…) et peu impactantes de leur milieu. C’est aussi s’appuyer justement sur ce milieu et cet écosystème pour concevoir son système de production. Enfin lorsque l’on parle d’agroécologie, on s’intéresse aussi, bien entendu, aux résultats. A l’heure où près de 2/3 du territoire français est agricole et que l’agriculture intensive est responsable de près de 30 % d’émissions de gaz à effet de serre en France, concilier rendement et respect de l’environnement semble effectivement tentant. Voyons comment s’y prendre.

L’agroécologie, beaucoup d’efforts pour quels résultats ?

Basée sur la mécanisation et l’utilisation massive de produits nocifs à la fois pour l’environnement et les individus, l’agriculture intensive a fait son temps. Force est de constater qu’elle ne répond plus vraiment désormais aux attentes d’un nombre croissant de consommateurs, conscients de sa réalité environnementale. Toutefois, révolutionner complètement les méthodes agricoles et d’élevage, historiques, semble illusoire. Ce qui l’est moins, c’est de sensibiliser les acteurs du secteur et les consommateurs à des pratiques plus respectueuses de l’environnement et donc tout simplement en phase avec les grands enjeux du XXIème siècle, notamment climatiques et sanitaires.

L’ensemble de ces méthodes, plus respectueuses du vivant, composent l’agroécologie. Les enjeux de ce concept ?

  • Réduire les pesticides et les produits phytosanitaires pour atténuer la pollution environnementale (sols, eaux…) et décupler le potentiel sanitaire des consommables,
  • Favoriser une gestion sobre des ressources (eau, carburants, antibiotiques, aliments…), des ressources aux effets souvent dévastateurs sur l’environnement et qui sont également très coûteuses pour les agriculteurs (50 à 60 % du chiffre d’affaires moyen selon France Nature Environnement).
  • Réduire les pertes et le gaspillage,
  • Préserver le bien-être animal,
  • Favoriser le renouvellement du sol et donc sa fertilité. Un sol sain stocke mieux l’eau de pluie et le carbone, jusqu’à environ 4 tonnes par hectare et par an ! En se renouvelant mieux, il assure également la pérennité de l’exploitation. A contrario, un sol trop sollicité est un sol progressivement appauvri et acidifié, sujet à érosion et incapable d’assurer correctement ses fonctions biologiques.

Atteindre un ou plusieurs de ces objectifs permettrait non seulement à une exploitation d’être plus responsable mais aussi plus rentable et plus résiliente. C’est bien là tout l’objectif de l’agroécologie : produire et consommer moins, mais valoriser économiquement et éthiquement l’existant et donc gagner finalement plus d’argent, au sein d’une exploitation plus durable. Que de promesses !

Quelle est la bonne approche pour se lancer ?

Bien entendu, tout cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il s’agit de considérer l’exploitation agricole dans son ensemble (la parcelle mais aussi au territoire sur lequel elle est située), d’effectuer des recherches d’informations poussées en agronomie (science de l’agriculture), d’échanger avec des acteurs locaux… S’en suit la mise en place d’une série d’expérimentations destinées à mettre en évidence les clés de la reconception de ses méthodes. Parmi les méthodes pouvant être implémentées à l’échelle d’une exploitation, on trouve par exemple :

  • L’agroforesterie, qui consiste à associer arbres en bordure de parcelle avec des cultures ou de l’élevage. Cette méthode permet de protéger les sols, de diversifier les sources de revenus de l’exploitation (bois énergie, fruits, paillage…), d’améliorer la biodiversité et de restaurer la fertilité du sol. En élevage, les arbres et arbustes auraient également des effets bénéfiques sur le bien-être animal.
  • La permaculture, une méthode basée sur l‘association de cultures, lesquelles vont interagir entre elles pour créer un écosystème riche, sain et autorégulé. La permaculture se base sur la valorisation des interactions biologiques, bénéfiques à la fois en termes d’environnement et de qualité du produit.
  • L’allongement des rotations de culture, permettant de réduire l’utilisation de pesticides et de limiter les maladies, de favoriser l’aération et donc la préservation des sols de culture. Très concrètement, on cultive au même endroit une plante après l’autre, chaque culture apportant au terrain des éléments nutritifs servant à la croissance de la prochaine espèce.
  • L’élevage en pâturage tournant dynamique. Tout comme pour les cultures, il est tout à fait possible de préserver le sol et d’assurer le bien-être de ses bêtes en découpant un terrain en parcelles réduites. Les bovins évoluent d’un espace à l’autre à intervalles réguliers, permettant au sol de se renouveler entre chaque passage et aux animaux de trouver constamment de la nourriture riche et saine. Cette méthode a également des effets bénéfiques sur la santé des bovins et leur résistance aux maladies. Des bovins plus sains, c’est moins de budget restreint en antibiotiques mais aussi un produit animal valorisé auprès du consommateur : deux-en-un.

La permaculture, la rotation de cultures ou encore l’élevage en pâturage dynamique font partie de ce que l’on appelle l’agriculture de conservation, un ensemble de techniques visant à protéger le potentiel du sol sans appauvrir les résultats d’exploitation.

Du fait de ces méthodes dites “écologiques”, on parvient à améliorer fortement la résilience d’une partie voire de toute une exploitation. Pour se lancer, la bonne approche consiste surtout à se former. Des organismes tels que France Nature Environnement proposent des formations aux associations territoriales qu’il est possible de consulter pour recueillir l’information nécessaire à cette transition.

L’agroécologie, c’est pareil que l’agriculture biologique ?

Oui et non. L’une des méthodes écologiques applicables à l’agriculture est effectivement l’AB, tout simplement parce qu’elle implique une utilisation nulle de pesticides. C’est l’une des problématiques de l’agriculture traditionnelle. Pour autant, une exploitation biologique peut tout à fait provoquer l’érosion du sol et son appauvrissement, le rejet d’un taux élevé de CO2 ou encore la consommation trop importante de ressources naturelles. A chaque méthode ses enjeux, et ses résultats. Idéalement, il s’agit de coupler ces méthodes pour répondre à un maximum de problématiques environnementales et sanitaires, simultanément.

Où en est la France en matière d’agroécologie ?

En France, près de 450 000 agriculteurs œuvrent pour le maintien d’un système alimentaire sain, rentable et durable. Or, si l’agriculture biologique est déjà bien intégrée dans les mœurs, l’agroécologie au sens large se veut un concept un peu nébuleux. La clé de cette nouvelle conception, c’est l’information. Comment concevoir des méthodes plus vertueuses dans un accompagnement optimal et des ressources attribuées ? L’action des politiques en la matière joue un rôle primordial.

Cette année, la PAC (Politique Agricole Commune) prévoit comme chaque année un panel d’aides aux agriculteurs (9,4 milliards d’euros par an sur la période 2023-2027). Oui mais voilà : la nouvelle répartition, annoncée courant d’été 2021, crée et semble surtout susciter beaucoup de déception, du fait d’un manque d’ambition :

  • Plafonnement d’aides à 25 % pour ce qui est de la modernisation des exploitations et l’accompagnement à des pratiques plus vertueuses,
  • Aides proportionnelles à la taille de l’exploitation, défavorisant de fait les petits producteurs,
  • Augmentation du budget d’aides à la conversion vers l’agriculture biologique (250 à 340 millions d’euros/an). Cependant, aucune aide n’est prévue pour les exploitations déjà converties.

Ainsi, si selon Didier Guillaume en 2019 “la transition agroécologique est irréversible”, peut-être s’agirait-il désormais de se donner les moyens de la mener de front.