Le mix énergétique caractérise l’équilibre entre les différentes sources d’énergie consommées. En France, le mix énergétique ne se définit pas comme celui des autres pays d’Europe, notamment l’Allemagne. La part des énergies fossiles est réduite au profit du nucléaire. Mais quelle est la place du renouvelable ? Une chose est sûre : évoluer vers un mix énergétique majoritairement composé de renouvelable est d’un enjeu crucial pour répondre aux objectifs de transition énergétique induits par la stratégie nationale bas-carbone (SNBC). Cette stratégie a d’ailleurs été instituée par la loi de transition énergétique pour la croissance verte. Que retenir de l’état du mix énergétique français et des engagements du gouvernement en matière de consommation décarbonée et/ou renouvelable ? Vue d’ensemble.
Quels sont les objectifs de transition énergétique de la France ?
Définir les choix énergétiques à l’échelle de la nation ne peut s’effectuer qu’en ayant une parfaite connaissance des émissions liées à chaque énergie, carbonée comme décarbonée. En la matière, les taux diffèrent énormément, comme nous le montre le tableau ci-après.
Filière énergétique | G CO2/kWh |
Charbon | 1060 |
Fioul | 730 |
Gaz | 418 |
Photovoltaïque | 55 |
Géothermie | 45 |
Eolien | 7 |
Hydraulique | 6 |
Nucléaire | 6 |
Un impact environnemental réduit à tous les niveaux
Le décret du 21 avril 2020 sur la programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit de réduire la consommation d’énergie finale en France, toutes énergies confondues. En parallèle, il s’agit de développer la part du renouvelable dans le mix énergétique, ceci pour répondre à un enjeu de neutralité carbone d’ici à 2050. Voici ce qui est prévu :
La réduction de la consommation d’énergie finale de 7,5 % en 2023 et 16,5 % en 2028, par rapport aux niveaux de 2012. En 2028, les taux attendus/type d’énergie sont les suivants :
- Gaz : – 22 %
- Électricité : – 34 %
- Charbon : – 80 %
Réduire sa consommation, c’est réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES)* au niveau national. Effectivement, sur le total des émissions de GES en France, 65 % sont liés à la consommation d’énergie (40 % pétrole, 20 % gaz et 5 % électricité). L’objectif fixé par le gouvernement en la matière est d’atteindre – 40 % d’émissions en 2030, par rapport au niveau de 1990. Réduire la consommation d’énergie finale permettra d’en prendre la voie.
Des objectifs précis de production du renouvelable sont aussi définis pour 2028 :
- Eolien terrestre : entre 33,2 et 34,7 GW (estimation basse/estimation haute)
- Eolien maritime : entre 5,2 et 6,2 GW
- Solaire : entre 35,1 et 44 GW
- Hydroélectricité : entre 26,4 et 26,7 GW
*Note : Le système électrique français étant très décarboné, les émissions de CO2 par habitant sont déjà relativement faibles (6,9 contre 7,8 t CO2/personne en moyenne dans l’Union Européenne). Ces taux demeurent toutefois relativement incompatibles avec les objectifs fixés dans le cadre de l’Accord de Paris. Il s’agit donc de persévérer dans cette voie et d’accentuer l’effort.
Comment se caractérise le mix énergétique français ?
En France, le mix énergétique est majoritairement gouverné par le nucléaire. Pourquoi ? Parce que l’électricité domine actuellement le marché, loin devant le gaz et les autres formes d’énergie. Or à l’heure actuelle en France, 80 % de la production totale d’électricité est le fruit du nucléaire.
Source : SDES, Bilan énergétique de la France
Cette spécificité dénote quelque peu avec les autres pays européens qui produisent leur électricité sur la base de centrales thermiques à combustion fossile. En Allemagne notamment, le parti pris a été de s’appuyer sur les énergies fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon) pour sortir du nucléaire et développer le renouvelable. La France ne semble pas suivre cette voie.
Pour répondre à ses objectifs de transition énergétique, le pays, qui dispose actuellement de 56 réacteurs, a tout de même pour objectif d’en fermer 14 d’ici à 2035. Objectif : ramener la part du nucléaire dans l’électricité à 50 % en 2035. Le pays aurait effectivement deux grandes solutions pour sortir du nucléaire :
- Déclasser les réacteurs nucléaires (les remplacer par de nouveaux) et développer le renouvelable en complément = électricité décarbonée
- Déclasser les réacteurs et ne pas les remplacer. Produire une électricité quasiment intégralement à base de renouvelable.
La question est de savoir si cette transition est effectivement envisageable ou non à l’heure actuelle.
Où en sont finalement les énergies renouvelables ?
La tendance est encourageante. Selon un rapport sur les chiffres de l’énergie en France publié par le CGDD en 2018, l’énergie éolienne avait déjà augmenté de 400 MW pour atteindre près de 14 GW de production mi 2018. Le solaire quant à lui, voyait également sa part augmenter dans le mix énergétique français sur la même période : + 479 MW.
La France peut-elle se passer du nucléaire dans son mix énergétique électrique ?
Puisque l’électricité est majoritairement présente dans le mix énergétique français, descendons d’un niveau et intéressons-nous spécifiquement au mix électrique en France.
En France, ce sont le Ministère de l’Environnement, la Commission de régulation de l’énergie (CRE), les acteurs français de production et de distribution de l’électricité et du gaz qui dessinent la politique énergétique. A ce titre, EDF ainsi que le RTE ont par exemple été missionnés par le ministère pour réaliser des études de faisabilité sur le développement massif des EnR dans le mix énergétique. Est-ce possible de s’affranchir du nucléaire sans entamer un retour vers “l’âge de la bougie” ?
Mix énergétique et renouvelable : plusieurs scénarios étudiés par l’ADEME
Ce qu’il faut considérer, c’est que l’électricité nécessite une production permanente car elle ne peut pas être stockée. Comment allier cela avec le caractère intermittent des énergies renouvelables ? La solution pourrait se trouver dans le recours à des centrales thermiques décarbonées, notamment à l’hydrogène.
Sinon, selon un rapport récent de l’ADEME, plusieurs scénarios seraient capables d’assurer l’équilibre offre-demande heure par heure avec un mix basé à 80 % ou à 100 % sur le renouvelable. Les mix envisagés sont largement dominés par l’éolien et le solaire, complétés au besoin par les filières marines. L’ADEME met tout de même l’accent sur des contraintes potentielles. Contre toute attente, celles-ci ne sont pas liées à des obstacles techniques (capacités installées…) mais à une acceptabilité sociale restreinte alliée à une demande particulièrement élevée. Une acceptabilité restreinte peut effectivement représenter un obstacle au déploiement du solaire et de l’éolien terrestre et nécessiter le déploiement d’autres types d’énergies.
Ci-dessous, les scénarios proposés par l’ADEME (hors contraintes).
Scénario | Consommation d’énergie 2050 (Mtep) | Consommation électrique finale 2050 (Mtep) |
80 %EnRE | 83 | 34 |
100 % EnRE | 83 | 34 |
100 % EnRE (acceptabilité modérée) | 83 | 34 |
Scénario | Part dans la consommation d’énergie finale (%) | Part dans la consommation finale d’électricité (%) |
80 %EnRE | 69 | 80 |
100 % EnRE | 77 | 100 |
100 % EnRE (acceptabilité modérée) | 77 | 100 |
Tous scénarios confondus, l’ADEME précise que les gains pourraient être considérables : +3,6 à +3,9 % de PIB et entre 830 000 et 900 000 emplois supplémentaires pour 2050.
Outre l’ADEME, EDF a été missionné pour rendre un dossier sur “le nouveau nucléaire”. Celui-ci est attendu pour mi 2021. Pourquoi EDF ? Parce que 90 % de sa production d’énergie est non émettrice de CO2. Côté renouvelable, EDF communique sur une capacité installée multipliée par 2 d’ici à 2030. Le rapport de la RTE (Gestionnaire du Réseau de Transport d’électricité) sur la faisabilité d’un mix électrique basé sur le renouvelable d’ici à 2050 sert quant à lui base à des consultations publiques.