L’énergie biomasse, c’est quoi ?

Rédigé par Alex

Publié le :

Mise à jour le :

La biomasse est composée des matières organiques d’origine végétale, animale ou fongique. Par valorisation, c’est-à-dire par combustion, méthanisation ou via un autre procédé chimique, la biomasse peut produire de l’énergie : chaleur, électricité, carburant, voire même deux d’entre elles en même temps grâce à la cogénération biomasse. Elle est donc considérée comme une énergie renouvelable et à juste titre.

Ainsi, l’énergie biomasse fait entièrement partie des leviers à actionner par la France pour atteindre ses objectifs en matière d’énergies renouvelables d’ici 2030. Comment la valorisation de la biomasse pourra aider l’Hexagone à réussir sa transition énergétique ? Quel est l’état des lieux actuel de la production et de l’énergie biomasse actuellement en France ?

On fait le point sur l’énergie biomasse, ses avantages comme ses inconvénients, ainsi que sur son rôle prépondérant dans la transformation écologique du pays.

Qu’est-ce qui compose la biomasse ?

La biomasse est composée de diverses catégories de matières organiques. Mais où trouve-t-on de la biomasse ? Voici les principales sources d’énergie biomasse :

  • Le bois (aussi appelé bois-énergie), que l’on retrouve sous forme de granulés, de bûches ou encore de plaquettes.
  • Des sous-produits de bois, qui regroupent les déchets produits par l’industrie forestière tels que les scieries, les menuiseries, etc. On obtient ici notamment de la biomasse lignocellulosique.
  • Les sous-produits de l’industrie comme la pâte à papier (bois) utilisée par les imprimeurs mais aussi les déchets de l’industrie agro-alimentaire. Citons ici les marcs de café, comme exemple de biomasse.
  • Les produits provenants de l’agriculture comme les céréales, les résidus comme les pailles de blé, les tiges de canne à sucre, etc.
  • Les déchets organiques tels que la boue, les ordures ménagères, celles produites par les restaurants, le fumier, etc.

L’ensemble de ces matières organiques constitue une véritable réserve d’énergie biomasse qu’il est possible de valoriser grâce à différents procédés, pour produire du chauffage notamment et de l’électricité renouvelable.

Quel est le principe de la valorisation de la biomasse en énergie ?

Il existe différents moyens de valoriser la biomasse en fonction de l’énergie que nous souhaitons produire. Voici les principaux procédés de transformation :

  • La combustion. En brûlant la biomasse, notamment de la biomasse végétale, il est possible d’obtenir de la chaleur qui peut produire de l’électricité ou du chauffage.
  • La méthanisation. Il est possible de fermenter la biomasse pour obtenir du biogaz. Ce procédé est utile pour obtenir de l’électricité, du chauffage ou les deux par cogénération biomasse.
  • Le compostage. En laissant la matière organique se décomposer naturellement, on obtient un amendement organique hautement fertilisant, idéal pour l’agriculture ou la pétrochimie.
  • Enfin, la biomasse peut être utilisée pour produire des biocarburants comme le biodiesel, à partir de colza ou de l’éthanol, à partir de blé et de betterave.

Pourquoi utiliser la biomasse pour produire de l’énergie ?

La biomasse est donc une énergie renouvelable dans la plupart des cas puisqu’elle n’est pas obtenue à partir de ressources fossiles, mais bien à partir de nos déchets”. L’énergie biomasse est souvent décrite comme une énergie “neutre”, c’est-à-dire qu’elle émet autant de CO2 qu’elle en absorbe. En effet, au cours de leur vie, les plantes qui composent la biomasse végétale ont absorbé du carbone grâce à la photosynthèse.

Lorsqu’elles meurent, elles le restituent dans l’air. Pour la biomasse de cycle court, qui regroupe les plantes issues de l’agriculture, ce principe de neutralité est valide puisque si elles n’avaient pas été récoltées, elles se seraient décomposées dans la nature et donc auraient évacué autant de CO2.

Par contre, pour le bois, qui possède une durée de vie beaucoup plus longue, cette neutralité n’est pas forcément valable.

Quelles sont les limites de la biomasse énergie ?

Voici donc les limites de l’énergie biomasse. En effet, si elle provient de plantations, le bois-énergie récolté doit être d’une forêt éco-gérée. Si les zones forestières dont la biomasse est issue sont surexploitées, le CO2 qui sera libéré par l’abattage de ces arbres sera bien plus important et l’équilibre sera cassé. Pour le conserver, il faut que le temps de renouvellement de la nature soit pris en compte.

Aussi, pour réellement établir un bilan carbone de l’énergie biomasse, il faut considérer l’ensemble de la chaîne de production et de transport. L’usage du bois-énergie mis à part, la valorisation des déchets produits par l’industrie ne peut être que bénéfique, puisqu’il s’agit de créer une nouvelle énergie à partir d’une matière qui n’aurait pas été exploitée dans le cas contraire. Mais il ne faut pas que cela encourage pour autant à produire davantage.

Finalement, la biomasse est renouvelable ou pas ? Oui, si certaines règles sont respectées parmi lesquelles :

  • Il est nécessaire de respecter la disponibilité limitée de la biomasse
  • La culture ne doit pas être uniquement destinée par la production de biomasse
  • Les coûts de production doivent être maîtrisés
  • La culture de la biomasse ne doit pas faire concurrence aux cultures destinées à l’alimentation

Comment est valorisée l’énergie biomasse en France ?

Le bois-énergie, utilisé avant tout pour chauffer le secteur résidentiel

La biomasse solide en France – constituée de bois, de déchets et de produits agricoles – est utilisée à 93 % pour produire de la chaleur. La consommation en 2021 (derniers chiffres disponibles) s’élevait à 132 TWh sur l’année.

Si c’est la production de chaleur qui est priorisée, c’est tout simplement car le rendement est considéré meilleur que celui obtenu pour la production d’électricité.

https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-energies-renouvelables-2022/16-biomasse-solide

Le bois reste la forme de biomasse la plus valorisée en énergie : il représente sous toutes ses formes 130 TWh.

Sans surprise, c’est le secteur résidentiel qui bénéficie de cette énergie biomasse : il représente 61 % de la consommation primaire. La branche énergie représente, elle, 22 % et l’industrie seulement 13 %. Toutefois, ce rapport tend à changer puisque le résidentiel – évolution du climat mis à part – utilise de moins en moins de bois pour son chauffage puisque les appareils sont toujours plus performants.

https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-energies-renouvelables-2022/16-biomasse-solide

Les déchets renouvelables misent sur la cogénération de biomasse

Sur les 118 installations présentes en France pour incinérer les déchets urbains et les transformer en énergie, la majorité (63 %) sert à fabriquer de la chaleur et de l’électricité. Une cogénération de la biomasse qui permet d’optimiser la valorisation des déchets produits sur notre territoire.

https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-energies-renouvelables-2022/17-dechets-renouvelables

La production d’énergie à partir de biogaz est en constante augmentation en France

La production d’énergie à partir du biogaz a augmenté de 27 % en 2021. Elle a pour objectif principal de produire de la chaleur (37 % de cette énergie y est destinée), mais n’est pas commercialisée. Environ 36 % de l’énergie produite est aussi directement injectée au sein des réseaux de gaz naturel. Alors que la production d’électricité avait été priorisée il y a quelques années, cela n’est plus la priorité du gouvernement pour la valorisation du biogaz. En effet, alors qu’elle représentait plus de 60 % en 2011, elle est de 27 % en 2021.

https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-energies-renouvelables-2022/18-biogaz

Preuve en est, l’injection de biométhane, qui est obtenu par épuration du biogaz, dans les réseaux de gaz en France n’a cessé d’augmenter ces dernières années. 2021 a connu une hausse de 96 % par rapport à l’année passée. Toutefois, le biométhane injecté ne représente qu’1% du gaz consommé par les Français. Des valeurs qui ne cessent d’évoluer.

https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-energies-renouvelables-2022/19-biomethane

Quel pays produit le plus d’énergie biomasse ?

La France, second pays qui produit le plus de biomasse solide dans l’Union européenne

Très bon point pour la France, si on compare uniquement la production de biomasse solide (hors déchets) le pays se place à la seconde place derrière l’Allemagne.

Production Primaire d’énergie renouvelables dans l’Union européenne en 2020 par filière

Une consommation d’énergie renouvelable à améliorer en France

En 2020, la France se classe 17ème si l’on compare la consommation finale brute d’énergie produite à partir de sources renouvelables des 27 pays de l’Union européenne. Toutefois, si on compare seulement les biocarburants et les déchets renouvelables, la France se classe seconde.

Décomposition de la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie en 2020
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-energies-renouvelables-2022/21–

Dans le monde, la Chine reste le premier producteur d’énergies renouvelables

Si en 2019, la Chine reste le premier producteur d’énergie issue de sources renouvelables (toutes filières confondues), l’Union Européenne se classe troisième, après l’Inde.
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-energies-renouvelables-2022/21–

Qui utilise le plus la biomasse pour créer de l’énergie ? C’est l’Inde qui valorise le plus la biomasse, selon le graphique. Concernant l’énergie produite à partir de la biomasse liquide et les biocarburants, l’Union Européenne est troisième et les Etats-Unis en tête !

Quels sont les dispositifs de soutien mis en place par la France pour soutenir le développement de l’énergie biomasse ?

Que ce soit pour les particuliers ou les entreprises, la France a mis en place diverses mesures pour promouvoir la biomasse énergie au sein du territoire. Voici les principales toujours valables aujourd’hui :

  • Les certificats d’économie d’énergie (CEE). Destinés aux particuliers qui souhaitent réaliser des travaux d’économie d’énergie au sein de leur logement. Ces aides sont proposées par les fournisseurs d’énergie et sont proportionnelles aux économies d’énergie réalisées.
  • Les fonds de chaleur qui visent à financer l’installation d’équipement de production de chaleur à partir d’énergies renouvelables comme la biomasse. Ils sont réservés à l’habitat collectif, aux collectivités ainsi qu’aux entreprises.
  • Les appels d’offres pour la production d’électricité à partir de biomasse. Ils visent à encourager le développement d’installation et de production d’énergie grâce à la biomasse comme les centrales biomasse en France.
  • L’investissement dans l’innovation et la recherche & développement. L’Ademe finance des projets de la thématique “économie circulaire” et “énergies renouvelables”.

Les ambitions de la France pour développer la biomasse énergie ces prochaines années

Quel est l’avenir de la biomasse ? Le gouvernement Français a rédigé un document nommé Stratégie nationale de mobilisation de la biomasse. Celui-ci envisage d’avoir un recours accru à cette ressource, tout en respectant les limites des territoires. Cela est rendu possible en travaillant avec les politiques existantes dans les domaines de la forêt, de l’agriculture et des déchets. Régions et gouvernement souhaitent donc collaborer pour déployer la production et la consommation d’énergie issue de la valorisation de la biomasse en France.

De même, le pays a mis un certain nombre d’initiatives dans le cadre de son projet France 2030, visant à accélérer son recours au développement durable et sa transition énergétique, notamment grâce à la biomasse. La France s’est d’ailleurs engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Objectif premier : réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Au total, 8,4 millions d’euros ont été investis dans la transition de tous les secteurs, dont 105 millions dans la production d’énergie décarbonée. Mais l’Etat ne compte pas s’arrêter là.

54 milliards d’euros d’investissements sont prévus. 11 milliards d’euros ont déjà été engagés et plus de 2 000 projets soutenus, à travers tout le territoire. D’ici la fin de l’année 2023, nous visons 20 milliards d’euros d’investissements

Elisabeth Borne, Première ministre

Mieux produire est d’ailleurs le premier objectif de ce grand plan d’investissement, qui souhaite révolutionner la capacité française à produire de l’énergie, en accentuant notamment l’utilisation de l’énergie biomasse.

Sources :

  • Biomasse énergie, Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, 2020
  • Chiffres clés des énergies renouvelables, Septembre 2022, Data Lab, Ministère de la Transition Energétique
  • France 2030, Gouvernement.