Quel est l’avenir de la biomasse en France ?

Rédigé par Alex

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La biomasse réside au cœur de la transition énergétique de la France. France 2030, Stratégie nationale de mobilisation de la biomasse, Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PEE), la biomasse est partout. Parce que ses sources sont diverses et qu’elle permet d’obtenir toute sorte d’énergies (gaz, électricité, chaleur, biocarburants etc.), elle représente une alternative crédible pour sortir des énergies fossiles et enfin atteindre cette si attendue neutralité carbone en 2050.

L’avenir de la biomasse est lié à celui de l’énergie française. D’ici fin 2023, 20 milliards d’euros auront été consacrés par l’Hexagone pour la production d’énergie via des sources renouvelables. Cet investissement permet notamment d’installer la biomasse dans le paysage de l’énergie française et de trouver des solutions pour contrer les obstacles rencontrés.

Lumière sur le bois-énergie, la cogénération de biomasse et les biocarburants, trois axes de développement et de recherches qui dessinent sans aucun doute l’avenir de l’énergie biomasse.

L’avenir de la biomasse bois-énergie en France : plus de coproduits, moins de bois issu des forêts

Si en 2022, le bois est la première énergie renouvelable en France et représente 33 % de la production d’énergie renouvelable du pays, son importance ne va faire qu’augmenter ces prochaines années. En effet, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050, l’Etat souhaite miser sur l’énergie biomasse, dont le bois. Toutefois, cette dépendance au bois et à ses résidus peut causer quelques soucis.

Un remplacement à grande vitesse des systèmes de chauffage peu écologiques

La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PEE) prévoit des objectifs ambitieux en matière de production de chaleur à partir de la biomasse. Et ce, que ce soit dans les secteurs collectifs, industriels ou domestiques. Il est prévu de remplacer les systèmes de production de chaleur des industries par des chaudières biomasse ou utilisant d’autres systèmes écologiques comme la récupération de chaleur. Pour les foyers, l’Etat encourage avec des aides et des programmes à remplacer les systèmes de chauffage trop polluants ou peu performants par de meilleures installations avec des rendements plus élevés, fonctionnant au bois-énergie.

Un prélèvement au sein des forêts qui doit préserver le renouvellement de la biomasse pour garantir son avenir

Cette opération visant à équiper les français de systèmes de chauffage moins polluants demande toujours plus de bois. Toutefois, il ne faut pas que les prélèvements soient plus importants que l’accroissement des forêts dont le bois est issu. Ainsi, il est prévu de dynamiser la sylviculture – soit l’entretien des forêts en vue de leur exploitation à des fins commerciales – et de maintenir des pratiques de gestion durable.

En 2018, le bois prélevé dans les forêts françaises représentait  21,3 Mm3 sur un total de 55,8 Mm3 de bois récolté en France. Le bois de bûche est constitué à 64 % du bois prélevé en forêt. Le rendement des appareils de chauffage pour les particuliers s’améliorant, il est remplacé progressivement par des granulés issus des industries du bois comme les scieries, par exemple.

Grâce à ces évolutions, tout est fait pour que la part de biomasse prélevée en forêt n’augmente pas. L’utilisation plus importante des déchets de bois issus de l’industrie est prioritaire. Ainsi, si le bois énergie restera une source de biomasse essentielle dans la transition énergétique de la France pour les années à venir, il reste encore à rééquilibrer sa provenance et à privilégier les déchets, écorces, copeaux et autres sciures au bois directement prélevés au sein de la nature.

L’avenir de la cogénération biomasse : une généralisation du système grâce aux aides d’Etat

La cogénération biomasse fait partie des techniques à prioriser pour le gouvernement français. Un même système qui produit à la fois de la chaleur et de l’électricité, tout en économisant de 10 à 15 % d’énergie lors de la production est un incontournable d’une transition énergétique bien menée.

Grâce à la combustion de la biomasse, le système de cogénération crée de la vapeur qui est utilisée pour chauffer une industrie, par exemple. Une partie de cette chaleur est dirigée vers la production d’électricité. Si elle n’est pas utilisée sur site, l’électricité produite peut être revendue à EDF et réinjectée dans le réseau. La cogénération peut fonctionner avec tout type de biomasse : résidus agricoles, déchets de bois, alimentaires, organiques…

La France a des objectifs très précis de production de chaleur et d’électricité par la cogénération de biomasse en 2023.

Pour la chaleur, il est envisagé d’obtenir 13 à 14 Mtep (Mégatonne équivalent pétrole) issu de la cogénération biomasse. Notons qu’en 2018, la chaleur dégagée par ce procédé était de 12 Mtep. Divers programmes sont mis en place pour atteindre ces chiffres, notamment des aides pour les entreprises. Des forfaits de subvention par unité de capacité de production annuelle sont proposés au sein de nombreuses régions.

Pour la production d’électricité, l’Etat prévoit de produire via la cogénération biomasse entre 790 MW et 1040 MW en 2023. Rappelons qu’elle était de 540 MW en 2018. Les systèmes de cogénération biomasse se généralisent donc peu à peu mais sûrement en France comme dans toute l’Europe.

Les biocarburants, avenir de la biomasse, représentent la 5ème source d’énergie Française

Que ce soit en matière de transports ou de chauffage : les biocarburants ont la cote. On les retrouve surtout en tant que compléments dans les carburants fossiles. Quel avenir pour les biocarburants en 2023 ? Le gouvernement français est très clair : “ la première génération a atteint le stade industriel et la seconde génération est en phase de développement.”*

La recherche se concentre pour les prochaines années sur les biocarburants de seconde et troisième génération. Les biocarburants de seconde génération sont produits à partir de matières premières non alimentaires comme la biomasse lignocellulosique. Ils ne font donc pas concurrence aux cultures destinées à l’alimentation. Les biocarburants de troisième génération, quant à eux, sont issus de micro-organismes comme les algues, ou encore les plantes qui possèdent une haute teneur en huile. Ils présentent l’avantage d’obtenir des rendements plus importants et ont donc une empreinte carbone plus faible.

Schéma expliquant la fabrication des biocarburants de seconde et troisième génération, Gouvernement, 2023.

Le gouvernement a missionné l’ADEME afin qu’elle soutienne financièrement les recherches dans ces nouvelles technologies. La priorité est donnée à l’obtention de divers carburants comme :

  • Le Futurol, qui s’appuie sur un procédé biochimique pour transformer la biomasse en éthanol.
  • Le BioTfuel, qui s’appuie, lui, sur un procédé thermochimique pour obtenir du biogazole et du biokérosène à partir de biomasse.
  • Le Gaya, qui s’appuie sur la gazéification pour développer du biocarburant gazeux.

Il ne fait aucun doute que nous retrouverons dans la prochaine décennie de tels noms dans les stations services !

*Biocarburants, 2023, Gouvernement