La France est le quatrième producteur mondial de biocarburant, obtenu à partir de biomasse liquide. L’Hexagone se place ainsi devant les Etats-Unis, le Brésil et l’Allemagne. Au total, plus de deux millions de tonnes de biocarburants sont produits sur le territoire. Si cela est possible, c’est avant tout car les cultures oléagineuses sont très présentes dans le pays, ce qui permet une grande production de biomasse liquide. Mais il est aussi possible d’utiliser d’autres sources, comme les graisses animales ou encore les déchets agricoles.
La biomasse liquide est une matière organique qui participe à créer de l’énergie biomasse et qui est donc partie prenante de la transition énergétique. Elle s’obtient par divers procédés comme la méthanisation ou encore la gazéification permettant de la liquéfier. Focus sur la biomasse liquide, ses différents modes de production, sa valorisation et son développement futur.
Qu’est-ce que la biomasse liquide ?
La biomasse liquide est produite majoritairement par méthanisation ou gazéification de la biomasse solide. Elle peut prendre la forme d’huiles végétales, d’alcool issu de la fermentation de sucres végétaux, de graisse animale et même de déchets graisseux.
Les huiles végétales, pour la production de biodiesel ou Esters Méthyliques d’Huile Végétale (EMHV)
Les huiles végétales font partie de la biomasse liquide. Elles proviennent des cultures oléagineuses notamment :
- Des cultures de colza. Les graines de colza sont riches en huiles, c’est de ce fait une des cultures les plus populaires pour la production de biomasse liquide.
- Des cultures de soja. Les graines de soja sont cultivées pour l’alimentation dans de nombreuses régions du monde.
- Des cultures d’huile de palme. L’huile de palme est utilisée dans de très nombreux produits alimentaires. Elle est toutefois très controversée à cause de la déforestation qu’elle génère lorsqu’elle n’est pas issue d’une production éco-gérée.
- Les cultures de tournesol, dont l’huile, riche en acides gras, est très utilisée dans l’alimentation.
Cette huile végétale est soumise à une estérification, ce qui conduit à la production de biodiesel, aussi nommé Esters Méthyliques d’Huile Végétale (EMHV). Ce dernier est un carburant de première génération, puisqu’il est issu de cultures agroalimentaires.
Les sucres végétaux, une biomasse liquide à l’origine de la production de bioéthanol
Un autre biocarburant peut être produit à partir de biomasse liquide : le bioéthanol, dit aussi “éthanol d’origine agricole”. Il est obtenu à partir de betterave à sucre et de céréales comme le blé ou le maïs. Les résidus vinicoles comme les marcs de raisin ou encore les lies de vin, sont aussi des sources de production possibles. Cette biomasse liquide est le fruit d’une fermentation industrielle. L’alcool issu de ce procédé est distillé et déshydraté afin d’obtenir du bioéthanol.
Là encore, le biocarburant obtenu est de première génération puisqu’il est issu d’une culture agroalimentaire.
Les graisses animales peuvent aussi être traitées pour obtenir du bioéthanol de synthèse
Les graisses animales peuvent aussi être valorisées pour obtenir du biocarburant. L’hydrotraitement en est l’une des principales méthodes. Elle transforme les graisses en carburant renouvelable en valorisant les corps gras contenus dans les graisses animales. La technique peut être réalisée dans une bioraffinerie, dédiée à la production de biomasse liquide ou dans une raffinerie classique, en co-traitement.
Autre technique de valorisation employée : la conversion thermochimique, aussi nommée Biomasse to Liquid (BtL). Elle consiste à gazéifier la biomasse liquide, la purifier et la transformer, enfin, en gaz de biogazole de synthèse.
Quelle est l’étendue de la valorisation de la biomasse liquide en France ?
Le biodiesel issu de la biomasse liquide est produit à 60 % en Europe
Devant l’Amérique et l’Asie, l’Europe est la première zone de production du biodiesel. On le retrouve essentiellement dans le gazole B10 à hauteur de 10 %, dans le gazole B30 à hauteur de 30 % et dans le B100 dont il compose la totalité. Mais ce dernier n’est pas commercialisé en France, puisqu’il n’est pas compatible avec les moteurs des véhicules mis en circulation. Il ne peut approvisionner que les flottes captives qui disposent de leur propre logistique d’approvisionnement.
Environ 3 % de surface agricole de céréales et de plantes sucrières en France est dédiée à la production de bioéthanol
En France, selon les dernières études menées par le gouvernement, environ 3 % des plantations agricoles sont destinées à créer du biocarburant. Les plantations de blé sont les plus concernées et représentent 35 % de la surface, suivies par celles de maïs (30,36 %) et de betterave (23 %).
La biomasse liquide servant à produire du bioéthanol est issue à 83 % de la production française.
Quelle est la proportion de biomasse liquide dans les supercarburants en France ?
Le bioéthanol issu de la biomasse liquide est ensuite mélangé à de l’essence afin de pouvoir être utilisé au sein des véhicules. Le SP95-E5 contient 5 % de bioéthanol, tandis que le SP95-E10 en contient 10 %, comme leur nom l’indique. Le premier convient à tout type de véhicules, tandis que le second n’est compatible qu’avec ceux mis en circulation après 2000.
Le superéthanol E85 est celui qui contient le plus de biomasse liquide, généralement entre 65 % et 85 %. Mais attention, il ne convient qu’aux véhicules dédiés, dit Flex Fuel ou véhicules à carburant modulable. Ceux-ci sont adaptés à son usage puisque leur moteur de type Diesel est spécialement étudié pour l’utilisation du bioéthanol.
Quel est l’avenir de la production et de l’usage de la biomasse liquide en France ?
Le développement de biocarburants de deuxième génération, une priorité en France
L’avenir de la production et de l’usage de la biomasse liquide en France se concentre sur le développement de biocarburants de deuxième génération. En effet, l’Hexagone veut se concentrer sur ces biocarburants qui sont obtenus à partir de la transformation de résidus agricoles comme la paille, les tiges ou encore les débris de bois, ou encore des déchets industriels. De cette manière, il n’y aura plus aucune concurrence entre la production alimentaire et la production agro-alimentaire. Les bilans énergétiques de ces biocarburants issus de la biomasse liquide sont ainsi meilleurs. De même, la diversité des cultures qui peuvent être utilisées sont plus grandes.
Un financement de projets pour développer les biocarburants de seconde génération issus de la biomasse liquide
L’Agence Nationale de la Recherche (ANR) met en place des programmes de financement pour développer les biocarburants issus de la seconde génération. On peut citer le programme Bioénergies 2010 et le comité de bioéconomie créé en 2017. L’ADEME dispose aussi de fonds pour financer les recherches et développer ces biocarburants de deuxième génération, issus de la biomasse liquide, encore mineurs dans la production française.