La biomasse désigne l’ensemble de la matière organique, qu’elle soit végétale ou animale. Face au dérèglement climatique, à l’épuisement des sources d’énergies fossiles et des matières premières, la biomasse se place au centre des enjeux actuels. En effet, elle est renouvelable puisqu’elle se régénère seule si elle est prélevée intelligemment, elle est aussi écologique et bénéficie d’un bilan carbone neutre si l’écosystème dont elle est issue est préservé.
Où trouve-t-on cette biomasse qu’il est possible de valoriser en énergie ?
- Dans les forêts : le bois, tout comme ses déchets et résidus, est valorisable en énergie.
- Dans les scieries, les menuiseries, les papeteries etc., : les industries qui produisent des déchets de bois ou issus du bois.
- Dans les industries agro-alimentaires, qui rejettent des déchets organiques qui peuvent être valorisés en énergie.
- Dans les ordures ménagères, les restaurants, tout ce qui produit des déchets organiques, encore une fois.
Cette variété de sources qui permet de créer de l’énergie biomasse constitue aussi sa force. Intéressons-nous à ces différentes origines de la biomasse et à leurs différentes façons de la valoriser en énergie.
Les forêts, principale source de la biomasse grâce au bois-énergie
Le bois est la forme d’énergie biomasse la plus valorisée en France. Selon les chiffres du gouvernement, en 2021 la production primaire de biomasse issue du bois s’élevait à 130 TWh. Soit :
- 106 TWh sous forme de bûches ou plaquettes
- 9 TWh sous forme de granulés
- 10 TWh sous forme de liqueur noire
- 5 TWh sous forme de résidus agricoles
Selon l’ADEME, le bois-énergie représente 33 % de la production d’énergie renouvelable en France en 2022. Cette biomasse a donc un rôle prépondérant à jouer dans la transition énergétique française.
L’accroissement des forêts françaises est supérieur au prélèvement du bois pour sa valorisation en biomasse
Ce bois énergie est en partie issu des forêts françaises. Tout l’enjeu consiste alors à conserver l’équilibre et l’écosystème pour que le bois prélevé et valorisé rejette autant de carbone que les arbres plantés et ceux encore en vie. Le gouvernement est bien conscient de cela et selon le dernier rapport de Citepa, “la forêt française est un puits de carbone”. Effectivement, un réel effort de reboisement a été mené par l’État : la surface forestière a augmenté en France, passant de 9,5 Mha en 1830 à 16,9 Mha en 2018. En parallèle, le prélèvement du bois est inférieur à l’accroissement biologique net des forêts françaises.
L’accroissement des forêts françaises est supérieur au prélèvement du bois pour sa valorisation en biomasse
Cependant, l’équilibre serait encore fragile. Selon deux études relayées par l’Ademe, les prélèvements du bois en forêt se feraient plus élevés ces prochaines années et réduirait donc de manière considérable ce puits de carbone d’ici 2050. Le recours au bois de plus en plus important pour créer de l’énergie biomasse en serait la cause ainsi que les diverses crises et phénomènes météorologiques que les forêts subissent à cause du réchauffement climatique comme les incendies, les tempêtes, les sécheresses et autres invasions biologiques.
L’industrie du bois, une source d’énergie biomasse vouée à prendre de l’ampleur
L’industrie du bois comme les menuiseries, les papeteries, les scieries, qui travaillent le bois, produisent des déchets sous forme de copeaux, sciures ou même liqueur noire qui peuvent être valorisées en énergie biomasse.
Les découpes de bois ou bois de rebut sont généralement utilisées pour chauffer les foyers et industries. Pour ce faire, il est transformé en granulés, plus pratiques.
Les papeteries utilisent de la pâte à papier, obtenue à partir de bois grâce à divers procédés chimiques. Pour la produire, divers résidus d’écorce et de bois sont générés. Ils peuvent aussi être utilisés pour le chauffage. Les scieries produisent, quant à elles, des panneaux de particules et de fibres qui ne sont pas utilisés dans la construction et la fabrication de meubles.
Dans le cadre de son programme France 2030, pour obtenir une économie décarbonée en 2050, le gouvernement a lancé un appel à projets. Son objectif ? Soutenir les investissements dans des équipements de production de chaleur dont la biomasse est issue des coproduits de l’industrie du bois. Une preuve que cette source de biomasse a un bel avenir devant elle.
Les déchets de l’industrie alimentaire, une biomasse qui optimise à 100 % l’agriculture française
L’agriculture et les déchets que génèrent l’industrie alimentaire de manière plus globale représentent une des sources principales de biomasse. La culture et la transformation des céréales, des fruits et légumes, des produits laitiers, de la viande et de la volaille… Tous ces pans de l’agriculture et les usines de transformation qui les traitent produisent des déchets qui peuvent être recyclés en énergie biomasse. Voici quelques exemples.
- Lors de la récolte de céréales, certaines tiges et autres parties (enveloppes, drèches…) des végétaux ne sont pas intéressantes pour la culture. Ces déchets sont valorisables.
- Les pelures, trognons et parties non-comestibles des fruits et légumes sont aussi de la biomasse intéressante.
- Les os, la graisse, la peau des volailles et autres bestiaux peuvent produire de l’énergie.
Grâce à la méthanisation, la combustion ou encore la thermochimie, ces déchets de l’industrie alimentaire sont la plupart du temps transformés en biocarburants afin de remplacer les énergies fossiles. Ces déchets représentent 4 % des énergies renouvelables en France, en 2021.
Le principal défi de cette filière de génération de biomasse est de ne pas provoquer de concurrence entre l’agriculture dédiée à l’alimentation et celle valorisée en énergie, sinon il ne serait alors plus question de déchets et tout l’intérêt de la valorisation de cette biomasse serait perdu.
Les déchets renouvelables,
Restes de nourriture, épluchures de fruits et légumes… Ces déchets alimentaires peuvent facilement être valorisés en biogaz grâce à la méthanisation. Les papiers, cartons et autres journaux peuvent être incinérés ou transformés en biocarburant. Les plastiques peuvent devenir des combustibles liquides ou gaz de synthèse. Quant aux autres déchets comme les litières pour animaux, eaux usées etc… Ils peuvent aussi être valorisés en biogaz par exemple.
Cette biomasse insoupçonnée et produite par les foyers français fait l’objet d’une véritable stratégie de valorisation par le gouvernement. En 2020, 118 incinérateurs brûlaient les déchets en France pour créer de l’électricité et de la chaleur grâce à la cogénération.
La cogénération, idéale pour traiter ce type de biomasse et la transformer en sourcé d’énergie renouvelable, n’a cessé d’augmenter dans la production d’énergie à partir de déchets urbains. Il y a une raison à cela : elle économise entre 15 % et 20 % d’énergie primaire par comparaison à une production séparée de chaleur et d’électricité par des installations différentes.
La cogénération biomasse constitue l’un des principaux axes de développement de la France en matière de production d’énergie durable ces prochaines années. En 2023, la puissance électrique générée par la cogénération de biomasse sera entre 790 MW et 1040 MW selon les objectifs du gouvernement.
Sources : Biomasse, Gouvernement, 2020
Forêt, bois énergie et changement climatique, avis d’expert, Ademe
Chiffres clés des énergies renouvelables – Édition 2022, Ministère de la transition énergétique.