La géothermie est une technologie qui exploite une source de chaleur renouvelable pour contribuer à la production de chauffage et d’électricité. Encore largement sous-utilisée – la géothermie ne représente que 1 % de la consommation de chaleur en France – la filière est pourtant essentielle pour décarboner la consommation d’énergie et contribuer à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 comme le visent les décideurs politiques.
Les chiffres de la géothermie en France
Selon les données officielles communiquées par l’Ademe mais aussi le ministère de la transition énergétique, on sait qu’en France, la chaleur représente environ la moitié de la consommation finale énergétique. Problème, cette consommation d’énergie pour se chauffer est majoritairement réalisée avec des énergies fossiles.
Le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire et la climatisation constituent près de 80 % de la consommation finale du secteur résidentiel. Les énergies renouvelables représentent un peu plus d’un quart de la consommation finale brute de chaleur, la géothermie ne pesant elle que 1 % (environ 6 TWh de chaleur renouvelable géothermique).
Malgré un contexte de plus en plus favorable et des incitations pour basculer sur la géothermie, les ventes restent timides. On compte entre 3 000 et 3 500 installations de pompes à chaleur géothermiques individuelles chaque année contre plus de 250 000 pompes à chaleur air-eau individuelles sur une année (chiffres 2021).
Les pompes à chaleur géothermiques sont majoritairement installées dans des logements anciens (80 %), comme cela est le cas pour les pompes à chaleur air-eau (79 %).
Quel est l’avenir de la géothermie en France ?
L’avenir de la géothermie en France est directement lié à la volonté du gouvernement et aux actions mises en place par les organismes du secteur. Selon l’objectif fixé par la programmation pluriannuelle de l’énergie, l’idée est d’atteindre 5 à 7 TWh de consommation finale de chaleur renouvelable issue de pompes à chaleur géothermiques en 2028, avec un objectif intermédiaire de 4,6 TWh en 2023.
Il s’agit là des objectifs relatifs à la géothermie de surface, c’est-à-dire aux dispositifs associés à des pompes à chaleur géothermiques avec captage sur sonde verticale, sur nappe phréatique ou par captage horizontal.
En ce qui concerne la géothermie profonde, c’est-à-dire celle qui exploite les nappes d’eau souterraine avec des températures comprises entre 30 et 200 °C, les objectifs ne sont pas les mêmes. L’exploitation des aquifères profonds pour alimenter des réseaux de chaleur urbains est encouragée avec l’objectif d’atteindre 4 à 5,2 TWh de consommation finale en 2028, avec un objectif intermédiaire de 2,9 TWh en 2023. La géothermie profonde nécessite un travail minutieux d’identification et de valorisation des aquifères profonds, qui n’est pas utile avec la géothermie de surface.
Les actions en faveur de la géothermie en France
Le gouvernement a fixé un plan d’action avec six grands axes. Ce plan a été communiqué au début de l’année 2023. Afin d’encourager le développement de la géothermie de surface et de la géothermie profonde, il est très détaillé et repose sur des actions concrètes.
La liste des actions est la suivante :
Les actions pour la géothermie de surface en France
- Renforcer la capacité de forage en géothermie de surface pour répondre à la demande des secteurs résidentiel et tertiaire ;
- Affiner le cadre réglementaire pour inciter au développement de projets de géothermie de surface ;
- Inciter à l’installation de pompes à chaleur géothermiques dans les secteurs résidentiel et tertiaire.
Les actions liées aux objectifs que nous venons d’évoquer visent par exemple à augmenter le nombre de foreurs formés en géothermie en créant des formations adaptées. C’est aussi un travail sur la cartographie régionale des zones réglementaires de géothermie de minime importance qui doit être menée. Enfin, plusieurs organisations (l’AFPG, le SER, le SFEG, le BRGM et l’Ademe) sont sollicitées pour faire évoluer la loi concernant les solutions de géothermie de surface et simplifier le cadre réglementaire.
Les actions pour la géothermie profonde en France
- Identifier et valoriser des aquifères profonds sous-exploités, propices à la réalisation de doublets géothermiques pour réseaux de chaleur ;
- Sensibiliser et faire monter en compétence les acteurs locaux, accompagner les porteurs de projets dans le déploiement de solutions géothermiques ;
- Susciter de nouveaux projets et encourager de nouveaux montages financiers en géothermie
Pour développer la géothermie profonde, c’est la connaissance du sous-sol qui est la clé. De nouvelles acquisitions de données permettant de caractériser les aquifères cibles sont en cours. C’est aussi un travail sur le volet financier qui doit être mené en sécurisant les projets et en réaménageant le fonds de garantie géothermie déjà existant géré par SAF-Environnement. Depuis 2010, la France a doublé sa puissance installée en géothermie profonde. L’ambitieux plan d’action souhaité avec les objectifs à 2023 et 2028 va permettre de continuer cette dynamique. En plus des 80 installations déjà en fonctionnement, 40 nouveaux projets sont déjà identifiés et en cours de construction pour 2030.