Vous le savez : l’argent que vous stockez à la banque sert à financer une ribambelle de projets. Mais lesquels ? Bien que le mouvement en faveur de la transition énergétique prenne de l’ampleur en France, nombreux sont les organismes bancaires à continuer de financer des projets liés au déploiement d’énergies fossiles ou encore portés par des entreprises définies comme très polluantes. En faisant le choix d’une banque éthique, ou du moins d’une banque transparente sur ses choix d’investissements, vous avez la possibilité d’œuvrer en faveur de la transition énergétique à plus grande échelle, tout en profitant d’avantages similaires à ceux des autres établissements bancaires. Quelles sont ces banques éthiques ? Comment fonctionnent-elles ? Réponses.
La nécessaire transformation du secteur bancaire
De par leur envergure, les banques ont un rôle majeur à jouer dans la favorisation de la neutralité carbone et la transition énergétique de l’économie au sens large. Cesser d’investir dans des projets à fort impact environnemental pour prôner une stratégie volontariste écoresponsable s’impose de plus en plus comme un impératif, tant pour répondre aux objectifs de neutralité carbone que pour répondre à la demande croissante des consommateurs.
Certains groupes bancaires historiques commencent à viser une transformation par pallier en réduisant les investissements sur les secteurs à fort impact carbone. Ces secteurs, conditionnés par des coûts prohibitifs, sont les premiers à l’origine du réchauffement climatique.
La Société Générale par exemple, envisage une réduction de 10 % de son exposition aux projets d’extraction de pétrole et de gaz d’ici 2025, une mesure parmi tant d’autres, financées à hauteur de 150 milliards d’euros entre 2019 et 2023. En matière de finance verte, d’autres organismes bancaires tels que le Crédit Agricole annoncent par exemple un désengagement total du charbon d’ici à 2030. Celle-ci a d’ailleurs publié une liste de ses engagements à travers son plan stratégie climat de 2020. Parmi ces derniers figurent notamment celui de financer un projet d’énergie renouvelable sur 3 ou de doubler les portefeuilles d’investissements verts à 12 milliards d’euros pour leur clientèle institutionnelle.
Nous le constatons donc : l’offre en prestations bancaires dites “vertes” tend à s’élargir… mais pas encore suffisamment !
En 2020, l’investissement dans les énergies fossiles a même augmenté de 22 %, l’équivalent d’un investissement par les banques françaises de 100 milliards d’euros dans les entreprises à énergies fossiles (ceci malgré un alignement public pour l’Accord de Paris). Pour la plupart des groupes historiques dont le Crédit Agricole et la Société Générale, 40 % du portefeuille de crédits est encore dédié aux entreprises du secteur du gaz ou du pétrole. Une transformation consciente mais également rapide doit donc désormais s’opérer pour permettre à la France de limiter les dégâts en matière de réchauffement climatique.
Des banques 100 % éthiques, engagées en faveur de la transition énergétique
Certaines autres banques, plus récentes et plus flexibles, vont encore plus loin dans leur politique volontaire de transition énergétique.
La NEF par exemple, finance depuis 1988 uniquement des projets à impact économiques ou sociaux positifs. Regroupant 41 000 sociétaires à date, la coopérative bancaire a l’avantage indéniable de rendre publique la liste des projets qu’elle finance grâce à votre argent, sous forme de carte interactive. Tous sont situés en France. C’est l’une des seules banques à prôner une telle transparence, avec le Crédit Mutuel, publiant l’intégralité de son portefeuille de crédit mais également de son empreinte carbone par secteur d’activité !
Le Crédit Coopératif également, prône la finance engagée via l’ouverture d’un compte bancaire “tracé” ou encore de livrets de coopération destinés à soutenir spécifiquement des projets de votre région.
Notons qu’au-delà des établissements bancaires bien connus, certains programmes locaux permettent également le financement de projets à impact positifs. La banque de la transition énergétique est par exemple apparue en région Auvergne-Rhône-Alpes (sur l’initiative de la Banque Populaire). A l’échelle nationale et à destination des entreprises et collectivités, c’est la banque des territoires qui a notamment pour rôle de financer les projets de transition énergétique et écologique.
En France, c’est l’OXFAM France qui est en charge de dresser le classement des banques notamment en matière d’engagement écoresponsable et de justice climatique. La fédération met par exemple en lumière dans son étude de 2019 que les grandes banques françaises représentent près de 8 fois le volume d’émissions de gaz à effet de serre de la France entière. L’étude met également en évidence les différences d’émissions parfois abyssales entre une banque historique et une autre, démontrant qu’une simple orientation du modèle économique peut être à l’origine de changements majeurs.