2022 va marquer un tournant en matière de réglementation pour la construction de bâtiments neufs. En effet, notre pays va désormais disposer d’une réglementation environnementale (la RE 2020) en lieu et place de la réglementation thermique (dont la dernière en date est la RT 2012). Une petite révolution à l’échelle du secteur de la construction. Voici en quoi ce changement accompagne la transition énergétique.
La RE 2020 et ses grands axes pour atteindre la neutralité carbone
Les constructions neuves constituent un élément capital pour améliorer les performances énergétiques globales des bâtiments. Qu’il s’agisse du type de chauffage utilisé ou encore des matériaux retenus pour l’isolation, tout nouveau bâtiment a son rôle à jouer pour optimiser la consommation globale. Pour rappel, le secteur du bâtiment représente 44 % de la consommation d’énergie et près de 25 % des émissions de CO2.
Depuis les années 70, des réglementations successives viennent encadrer le secteur et définir des bonnes pratiques. De la conception du bâtiment au confort des usagers en passant par l’incontournable gestion de l’énergie, les contraintes sont de plus en plus nombreuses.
La réglementation environnementale RE2020 est pensée pour accompagner la stratégie nationale bas carbone voulue par les dirigeants, et améliorer les consommations d’énergie. L’objectif final est d’atteindre en France la neutralité carbone en 2050. Pour cela, trois grands axes ont été définis.
- Les exigences en matière d’isolation du bâtiment sont encore plus poussées que par le passé avec la RT 2012.
- Désormais, c’est l’ensemble du cycle de vie d’un bâtiment qui est évalué pour comprendre son impact. Une analyse complète de la phase de construction et d’exploitation va permettre de mieux comprendre les performances.
- Outre le sujet du chauffage et de l’isolation pour l’hiver qui occupe depuis longtemps le paysage médiatique, c’est aussi la prise en compte du confort d’été qui émerge. De nouvelles règles vont encadrer les performances des bâtiments pour mieux résister aux épisodes de canicule, amenés à se multiplier à cause du changement climatique.
En quoi la RE 2020 constitue-t-elle une petite révolution pour le secteur du bâtiment ? Puisque l’objectif est d’initier une véritable transformation des techniques de construction, en poussant les filières industrielles et les acteurs de l’énergie à changer leurs pratiques. En résumé, un logement construit en appliquant les règles de la RE 2020 sera un logement passif, très efficace sur le plan énergétique.
La RE 2020, une simple étape de transition ?
La réception des grandes règles de la RE 2020 n’a pas été la même du côté des principaux acteurs de la filière construction que du côté des associations de protections de l’environnement. Trop restrictive pour les professionnels du bâtiment sur certains aspects, la RE 2020 est à l’inverse perçue comme pas assez ambitieuse pour ceux qui voyaient en elle une occasion de marquer l’Histoire et d’aller plus loin qu’une simple transition.
« Nous donnons la priorité à la sobriété énergétique, au confort d’été et la décarbonation »
Emmanuelle Wargon, Ministère du Logement, de l’Égalité des territoires et de la Ruralité.
De nombreux détails techniques sont encore en cours d’arbitrage et témoignent de cette volonté d’apporter un « consensus ».
Exemple avec le sujet précis des matériaux de construction. Les matériaux biosourcés – comme le bois ou le chanvre – devaient être la norme. Mais dans la version finale du texte de la 2020, les matériaux géosourcés – la terre crue, la pierre sèche ou la brique – apparaissent. Une ouverture bénéfique ou un recul ?
Autre illustration avec la valorisation du stockage temporaire du carbone. La RE 2020 veut inciter le recours aux matériaux biosourcés qui stockent le carbone et ne le relâche qu’en fin de vie. Une bonne idée mais qui amène à préférer le bois et d’autres matériaux peu émetteurs plutôt que le béton, les isolants et la laine minérale ou encore les éléments métalliques…
Les ajustements semblent nombreux, et concernent de très nombreux acteurs… ce qui ne va pas simplifier le quotidien de ces professionnels. Quelles conséquences attendre ? Un choix de matériaux sans doute plus restreint et une augmentation des prix pour pouvoir intégrer toutes les nouvelles contraintes réglementaires.
A savoir : La nouvelle réglementation environnementale (RE 2020) devait entrer en vigueur en 2020. Déjà décalée une première fois au 1er janvier 2021, elle a de nouveau été repoussée pour une mise en place au 1er janvier 2022.