Dans le secteur du bâtiment, les questions autour de la transition énergétique et écologique sont particulièrement centrales. Comment créer des bâtiments confortables et performants capables de générer un très faible impact – voire un impact négatif – sur l’ensemble de son cycle de vie ? L’équation semble insolvable, surtout lorsqu’on y ajoute le critère du prix. 2021 cependant, aura vu son lot d’innovations en matière de bâtiments responsables de l’environnement. L’entreprise CCB Greentech a notamment tiré son épingle du jeu en commercialisant son béton de bois, un matériau biosourcé, fruit d’une quinzaine d’années de recherches et d’ores et déjà protégé par plus d’une dizaine de brevets.
Un matériau biosourcé au bilan carbone négatif
La technologie nommée TimberRoc concerne des panneaux de béton de bois (murs et planchers), dont le bilan carbone est négatif.
Un principal ingrédient pour cela : du bois à plus de 60 %, et pas n’importe lequel. Ce béton est constitué de plaquettes de bois broyées et recyclées issues d’un bois certifié PEFC (forêts gérées durablement). Il s’agit de bois de trituration, remplaçant intégralement le sable et les granulats initialement présents dans le béton traditionnel. Ajoutons à cela de l’eau et un liant d’origine naturelle : le tour est joué. Aucun traitement supplémentaire n’est nécessaire.
Des performances prometteuses
La présence de ces granulats ligneux permet au panneau de béton d’être trois fois moins lourds que le béton traditionnel tout en proposant des performances thermiques et acoustiques supérieures. Il s’agit donc de l’un des matériaux biosourcés les plus performants du moment, sans l’ombre d’un doute.
- L’isolation thermique naturelle du bois engendre un déphasage deux fois plus important qu’un mur béton classique (environ 21 heures contre 12 habituellement), à l’origine d’un très bon confort d’été*.
- Le mur créé est perspirant et permet donc une très bonne circulation de la vapeur d’eau. Le contrôle de l’hygrométrie est excellent.
- La structure est autoporteuse.
*Cette notion de plus en plus centrale est notamment intégrée aux nouveaux DPE et donc prise en compte dans le cadre de l’analyse des performances thermiques globales d’un logement, maison ou appartement. Elle fait également partie prenante de la nouvelle réglementation environnementale pour 2022, la RE 2020.
Béton de bois, le matériau du futur ?
Le bilan carbone avancé par l’entreprise pour son béton de bois est particulièrement impressionnant : – 236 kg de CO2 par m3 et -40 à -70 kg CO2e/m², des performances rendues possibles par le caractère recyclé du bois et la captation de CO2 tout au long de sa croissance.
L’arrivée sur le marché de ce tout nouveau type de béton au bilan carbone négatif est tout à fait cohérent avec les enjeux de transition énergétique auxquels nous sommes désormais confrontés. Les matériaux d’origine naturelle se multiplient, pour répondre aux besoins de consommateurs plus avertis mais aussi pour conserver une cohérence avec les objectifs gouvernementaux de transition énergétique et les normes qui en découlent. On parle notamment de la RE 2020, laquelle ambitionne de propulser le BEPOS (Bâtiment à Energie Positive) à la première place des typologies de constructions neuves.
RE 2020 et bâtiments biosourcés : qu’en est-il ?
La mise en application de la RE 2020 devrait débuter ce début d’année, et engendrer un certain nombre de bouleversements dans la sphère des professionnels du bâtiment. Parmi les mesures en vigueur notamment, un plafond d’émissions de gaz à effet de serre revalorisé pour 2022 (4 kg CO2 eq/m²/an). La RE 2020 incite également à la réduction de l’utilisation de béton et à la transition rapide vers le biosourcé, en introduisant la notion de calcul du cycle de vie des matériaux. Ce calcul servira à déterminer si lesdits matériaux (et à travers eux, les bâtiments construits) sont ou non compatibles avec la SNBC – Stratégie Nationale Bas Carbone.
L’absence d’isolation supplémentaire, le travail en usine et la mise en place rapide sur site du béton de bois permettrait de contrebalancer le tarif élevé de ce nouveau matériau. A l’heure où les normes de construction sont en pleine transition, où la maison à énergie positive tend à devenir l’objectif suprême et que les professionnels du bâtiment doivent se réinventer, cette innovation apparaît comme une réponse idéale. Déjà plus d’une soixantaine de bâtiments ont vu le jour grâce à cette technologie, sur laquelle le Groupe Lafarge a d’ailleurs déjà investi pour 2022. Côté commercialisation, celle-ci se fait sous licence à des partenaires préfabricants. Comment évoluera ce nouveau matériau dans le temps ? Arrivera-t-il à se démocratiser ? L’avenir nous le dira.