Accélérer la transition énergétique via le déploiement de la géothermie : où en est la France ?
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La géothermie pour la transition énergétique

Accélérer la transition énergétique via le déploiement de la géothermie : où en est la France ?

Selon les propos avancés par la Ministre de l’Ecologie Agnès Pannier-Runacher, l’énergie dédiée à la production de chaleur représente environ 50 % de toute l’énergie consommée en France. Comment espérer atteindre, voire toucher du doigt les objectifs de la transition énergétique et de neutralité carbone alors même que 75 % de cette énergie reste d’origine fossile ? Si le renouvelable a bel et bien été identifié comme la voie à suivre en matière énergétique, de nombreux obstacles subsistent : financement, règlementations, infrastructures inadaptées impactant la capacité de production, etc. C’est dans le but de pallier ces problématiques qu’a été récemment lancé un tout nouveau plan d’action ambitieux, destiné à valoriser le déploiement de la géothermie. Objectif ? Economiser 100 TWh/an de gaz d’ici aux 20 prochaines années, rien qu’à partir de la géothermie (contre 6 TWh/an actuellement).

La géothermie a-t-elle le vent en poupe ?

A l’échelle du particulier, les équipements basés sur l’utilisation de la géothermie comme les pompes à chaleur constituent les options les plus pérennes en matière d’énergie verte. Fonctionnant sur la base d’une géothermie de surface captant les calories dans le sol à 30°C ou moins, ces bijoux de technologie permettent l’obtention d’une chaleur homogène tout au long de l’année et impliquent une réduction drastique du recours aux énergies fossiles. La sollicitation du réseau électrique quant à elle, reste minime même en période de grand froid : un luxe auquel ne peuvent certainement pas prétendre les équipements fonctionnant à l’aérothermie ou même au solaire.

Malheureusement, le recours à cette énergie affiche des freins conséquents, parmi lesquels le prix : là où les ventes de pompes à chaleur eau-eau stagnent, les PAC air-eau par exemple, voient leurs ventes se décupler. Moins chères car ne nécessitant pas d’opération de forage, elles sont les deuxièmes les plus performantes en habitat individuel.

Transition énergétique en France : pourquoi miser sur la géothermie ?

A l’échelle du pays, même constat : la géothermie affiche certes de belles promesses ; pour autant, elle ne représente que 1 % de toute l’énergie produite en France. Si l’on en croit la cartographie des ressources potentielles en France, l’on remarque qu’elles couvrent plus de la moitié du territoire !

Aquifères profondes en France

Ainsi en 2022, la France comptait 78 installations de géothermie profonde en fonctionnement dont 74,3 % en Ile-de-France et 19,2 % en Nouvelle-Aquitaine, deux régions parmi les plus prometteuses si l’on en croit la carte ci-dessus. C’est d’ailleurs en Ile-de-France que l’on compte le plus de réseaux de chaleur urbains alimentés via géothermie : 87 %, soit une évolution de +6 % en 1 an.

Les axes du plan d’action du gouvernement pour le développement de la géothermie

L’identification de nouveaux aquifères pour la captation et la valorisation de l’énergie géothermique

La représentation cartographique des principales zones d’exploitation de la géothermie ne suffit pas : il faut être en mesure d’identifier de nouveaux bassins de ressources, ne présentant pas ou peu de dangers et d’inconvénients graves. A ce jour en France, seulement 2 % du territoire serait catégorisé en zone rouge, c’est-à-dire ne pouvant pas accueillir d’ouvrages géothermiques dits “de minime importance”. Qu’en est-il alors du reste de la France ?

Le gouvernement travaille actuellement sur la localisation et la nature précise des phénomènes géologiques, un travail qui permettra à terme de mieux exploiter les ressources territoriales à notre disposition et de décupler la capacité de production d’énergie géothermique (géothermie de surface comme géothermie profonde). Il s’agit également de mieux comprendre la nature du sous-sol (perméabilité notamment) pour valoriser au mieux le potentiel des zones exploitées.

La massification des pompes à chaleur géothermiques dans le résidentiel et le tertiaire

L’une des principales volontés du gouvernement est d’étendre les applications de la géothermie de surface, non seulement aux réseaux de chaleur urbains mais aussi aux secteurs résidentiel et tertiaire.

Deux fois plus de pompes à chaleur géothermiques d’ici à 2025 chez les particuliers ? C’est l’ambition affichée par le gouvernement à travers son plan d’action pour le déploiement de la géothermie.

Un beau challenge, d’autant que, rappelons-le, les ventes stagnent depuis maintenant presque 10 ans en France.

Evolution du nombre de pompes à chaleur géothermiques

Diversifier les applications de la géothermie de surface pour cibler le résidentiel, cela passe, pour le gouvernement, par les points suivants :

  • Augmentation des primes à la rénovation énergétique dans le cadre du Coup de Pouce Chauffage (dispositif CEE) : il faut à présent compter 5 000 € pour tous les niveaux de revenus, contre 2 500 à 4 000 € précédemment.
  • Renforcement de la visibilité des professionnels RGE compétents en pose de PAC géothermique, via la modification de l’annuaire des pros ou la nature de leur qualification.

Une massification des projets de géothermie profonde, via de meilleures garanties

A travers son plan d’action, le gouvernement prévoit aussi un réaménagement du fonds de garantie géothermie pour les aquifères profonds via :

  • Une extension des risques couverts, pour inciter au lancement de projets dans le Bassin parisien mais aussi en-dehors
  • Une enveloppe financière plus importante : 45 M€ d’aide publique

La mise en place d’un fonds dédié à l’indemnisation contre les risques de non-valorisation de la chaleur géothermique fait également partie des solutions envisagées par le gouvernement, pour les secteurs agroalimentaires et industriels (une étude de faisabilité est en cours).

Une meilleure accessibilité au métier de foreur spécialisé

Aujourd’hui en France, du fait des qualifications nécessaires, on ne compterait que 70 ateliers de forage en activité. Un meilleur accompagnement de ces professionnels – en formation initiale comme continue – permettrait d’ouvrir la porte à de meilleures possibilités d’insertion.

La règlementation, l’un des leviers de l’ombre pour massifier le déploiement de la géothermie

Bien que parfois oublié, l’aspect règlementaire joue aussi un rôle clé dans le déploiement de la géothermie. C’est pourquoi, au titre de son plan d’action national, le gouvernement a aussi réuni plusieurs groupes de travail dont l’objectif est entre autres de travailler sur les points suivants :

  • L’évolution du cadre réglementaire de la GMI aux sondes géothermiques inclinées (non verticales)
  • L’harmonisation progressive de la règlementation liée aux forages géothermiques et forages d’eau

Ces groupes d’experts comprennent des acteurs de l‘Association Française des Professionnels de la Géothermie, de la SFEG, du service géologique national (BRGM) ou encore d’organismes de certification tels que Qualit’ENR.


L’ensemble de ces mesures, alliées à une sensibilisation du public et à une montée en compétences des acteurs du secteur permettraient à terme à la France d’augmenter de 40 % les projets de géothermie profonde d’ici à 2030, et de décupler la présence de la géothermie dans le mix énergétique. Une belle feuille de route !

Source : https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/02.02.2023_DP_Geothermie.pdf