Eliminer progressivement la production d’électricité liée au charbon, et décarboner en majorité leur secteur électrique, voici l’engagement phare pris par les pays du G7 lors de leur rencontre à Berlin le 27 mai 2022. La France, l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni ont affiché une volonté unanime d’accélérer la lutte pour la transition énergétique dans leurs pays respectifs.
Sommet du G7 2022, des avancées pour le climat ?
Présidé par l’Allemagne, ce sommet du G7 a débuté par la reconnaissance partagée de la triple crise environnementale qui bouleverse actuellement nos sociétés et que sont le changement climatique, la perte de la biodiversité et la pollution atmosphérique.
D’ici 2025, les ministres présents se sont engagés à augmenter la part des fonds budgétaires pour le financement international de la biodiversité, autant de décisions symboliques fortes en faveur de l’environnement et de la transition écologique. L’Allemagne quant à elle, pour la troisième fois à la présidence du sommet, a confirmé son objectif clair de devenir “le pionnier d’une économie climatiquement neutre et d’un monde juste”, un souhait exprimé par le chancelier fédéral Olaf Scholz en janvier 2022.
Une décarbonation du secteur de l’électricité d’ici à 2035
Lors de ce sommet, la principale décision des pays membres a été de décarboner la majeure partie de leur secteur électrique d’ici à 2035, une décision caractérisée d’avancée majeure et un signal clair en faveur de l’efficacité énergétique, par David Ryfisch, responsable des politiques climatiques internationales pour l’ONG allemande German Watch. Jamais auparavant, de telles déclarations conjointes n’avaient été avancées par les pays du G7. Mais pour cela, il convient de recentrer les efforts sur la sortie accélérée du charbon, celle-ci étant la ressource la plus génératrice de CO2. Parallèlement, le déploiement massif du renouvelable constituera bien évidemment l’autre variable indissociable de l’équation.
Une problématique subsiste toutefois. Même si les 7 pays signataires représentent ¼ des émissions à l’échelle mondiale, comment la décarbonation se jouera-t-elle dans les pays émergents, dans lesquels le maillage renouvelable et l’accès à ces technologies ne sont encore que partiels ? Tout l’enjeu de cette stratégie est de pouvoir la généraliser à l’échelle mondiale.
Vers la fin progressive du soutien subventions aux projets à énergies fossiles
L’une des mesures significatives prises à l’occasion du G7, prise à travers la parole des Ministres du Climat et de l’Energie, est de cesser le financement public à l’étranger de projets à énergies fossiles n’incluant pas de captage carbone.
Selon les estimations du GIEC, la fin de ces subventions publiques serait en tout point déterminante pour la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, puisqu’elle pourrait conduire à une réduction de plus de 10 % de ces GES.
Cette seconde décision principale est donc loin d’être anodine, tant du fait de l’ampleur de l’engagement pris que de l’échelle de temps choisie. L’année 2022 étant déjà bien avancée, il sera plutôt aisé de prendre le pouls des efforts réellement menés par les pays du G7 en la matière. Notons également que cette mesure avait déjà été actée par une quarantaine d’acteurs dans le cadre de la COP26. Le Japon, dernier pays réfractaire au titre du G7, a cette fois accepté de rallier le mouvement. Le pays affiche depuis quelques années un double visage en matière d’engagements environnementaux. Malgré un mix énergétique dominé par le fossile (plus de 70 % d’électricité d’origine fossile) et l’ouverture prévue de nouvelles centrales à charbon sur les dernières années, le Japon semble enfin prendre la mesure de l’urgence climatique et des enjeux liés à son positionnement rapide.
Quant à la politique de décarbonation de l’électricité, elle fait partie d’une plus large stratégie destinée à renforcer le déploiement du renouvelable et à réduire drastiquement les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les pays signataires du G7 ont 13 ans pour tenir leurs promesses. L’avenir nous dira si la volonté affichée en 2022 aura été suivie d’actions fortes et concrètes, significatives en matière de transition énergétique.