Technologie EPR : le futur du nucléaire en France ?
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réacteur nucléaire EPR

Technologie EPR : le futur du nucléaire en France ?

A ce jour en France et à l’international, le nucléaire compte encore pour beaucoup dans le mix énergétique. Les réacteurs déjà en place, de seconde génération, permettent d’obtenir une puissance entre 800 et 1 500 MW. Mais ces réacteurs sont-ils suffisamment écologiques et résilients, pour répondre aux enjeux de la transition énergétique ? Rien n’est moins sûr. Depuis déjà plus d’une décennie, c’est bel et bien la technologie EPR (European Pressurized Water Reactor – Réacteur à eau pressurisée) qui est plébiscitée, à travers la construction de réacteurs nucléaires de troisième génération. Plus puissante, plus fiable et plus écologique, la nouvelle génération aurait semble-t-il bien des atouts dans sa manche… si tant est que l’on puisse en optimiser les coûts.

Que sont les réacteurs EPR, ces bijoux de technologie censés répondre à nos besoins énergétiques ?

La technologie EPR, censée remplacer les anciens réacteurs nucléaires, se base sur la fission nucléaire et l’eau sous pression. On parle de réacteur pressurisé de troisième génération. Ce qui diffère des deux premières ? Une bien meilleure puissance nette, pouvant atteindre 1 660 MW contre 900 environ pour les anciens réacteurs français, mais également de meilleures garanties de sécurité.

Plus précisément :

  • Un meilleur rendement : 37 % contre 33 % sur les anciens réacteurs.
  • -30 % de déchets radioactifs produits
  • Une consommation d’uranium réduite de moitié (de 15 % à 7 %).
  • L’emploi possible de combustible MOX, 100 % recyclé pour un impact environnemental encore plus réduit.
  • Un réacteur plus sécurisé grâce à quatre systèmes de sûreté permettant de réduire par 10 le risque d’incident dommageable. Il est désormais d’un sur 10 millions.
    • Une enveloppe de confinement en béton (pas moins de 2,6 mètres d’épaisseur)
    • La présence d’un récupérateur de corium en forme de cuve, dont l’objectif est de récupérer le cœur fondu du réacteur en cas d’incident majeur et d’éviter la contamination du sol. Le cœur fondu rejoindrait alors le récupérateur par un canal de transfert constitué de zirconium, avant d’être refroidit par conduction.
  • Une plus longue durée de vie : jusqu’à 60 ans contre 40 sur les anciennes générations.

En toute logique, ces réacteurs nucléaires dernière génération disposent de forts enjeux. Au Royaume-Uni par exemple, la mise en place des EPR devrait permettre d’économiser près de 18 millions de tonnes de CO2 par an et d’alimenter jusqu’à 6 millions de foyers en électricité.

Actuellement, il existe six réacteurs EPR dans le monde, dont trois en construction en France à Flamanville (puissance nette de 1 570 MW, en construction depuis la mi-2007 par EDF) et au Royaume-Uni. Trois autres réacteurs EPR actifs se trouvent d’ores et déjà en Chine et en Finlande.

La fission nucléaire, c’est quoi au fait ?

La fission nucléaire est une réaction en chaîne basée sur la désintégration de noyaux d’uranium ou de plutonium (fission) en plusieurs noyaux, via l’éjection d’un neutron. Cette réaction entraîne la production d’une très grande quantité d’énergie.

Une mise en place laborieuse : l’EPR est-il vraiment une technologie d’avenir ?

Force est de constater que le déploiement de la technologie EPR n’a pas été de tout repos !

A titre d’exemple, le réacteur Olkiluoto-3 vendu à la Finlande en 2005 a mis 12 ans de plus que prévu à être mis en place ! En cause, des plans obsolètes, des socles de béton inadaptés ou encore des problèmes d’étanchéité : au total, le projet aurait coûté plus de 14 milliards d’euros. Même constat en France dans le cadre de la construction de la centrale de Flamanville, encore non achevée. Le projet initial, estimé à 3 milliards d’euros, coûte près de 12 milliards d’euros, et s’est vu différé d’environ 10 ans, rien que ça.

EPR 2 : optimiser l’existant, une initiative qui a déjà 10 ans

On l’a très vite constaté : la pression financière et l’aspect structurel des réacteurs EPR font de cette technologie une alternative peu fiable face à l’urgence climatique actuelle. C’est pourquoi avant même la généralisation de ces derniers, les initiatives EPR2 ont été lancées !

Dans sa globalité, le projet d’EPR2 (ou EPR NM – nouvelle génération) vise la simplification du design de l’EPR et la standardisation/préfabrication de certains composants du réacteur, afin de gagner en compétitivité. Un modèle développé depuis près de 10 ans déjà, sur la base de l’expertise de géants comme EDF mais également des retours sur expérience des réacteurs en cours de construction.

Faire mieux en déboursant moins, voilà qui paraissait être un pari risqué.

Toutefois, la démarche a été approuvée par les autorités de sûreté nucléaire (IRSN, ASN) sur la base d’un constat : ces réacteurs EPR2 seraient tout aussi sécurisés que leurs homologues en cours de construction. L’avenir nous dira si ces derniers ont vocation à être installés sur des sites tiers ou s’il s’agira plutôt d’optimiser les réacteurs EPR déjà en place.

Une chose est sûre en France : le président Emmanuel Macron a déjà évoqué en février 2022 la construction de 6 réacteurs EPR 2 d’ici à 2050, sur des sites existants dans l’Ain, la Drôme ou encore la Seine-Maritime.