Transition énergétique en Europe : le développement de l’éolien doit s’accélérer
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Transition énergétique en Europe : le développement de l’éolien doit s’accélérer

L’industrie éolienne européenne est en difficulté. Le rapport publié par l’association de l’énergie éolienne, WindEurope, le 24 février 2022 en témoigne : l’Europe a encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’atteindre ses objectifs de transition énergétique. L’Union Européen souhaite parvenir à 40 % d’énergies renouvelables au sein de son bouquet énergétique d’ici 2030. Cette ambition contribue à l’objectif plus global de réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre et de parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050.

Seulement voilà : le retard qu’elle accuse aujourd’hui dans la mise en place des éoliennes est conséquent. L’Europe a installé 17 gigawatts (GW) de nouvelle capacité éolienne en 2021. Or, cela ne représente pas la moitié de ce qu’elle aurait dû construire pour être sur la bonne voie et réaliser ses objectifs en 2030.

Un retard qui ne permettra pas à l’Union Européenne d’atteindre la neutralité carbone en 2050

Les prévisions de WindEurope sont inquiétantes. L’organisme prédit que l’Union Européenne installera l’équivalent de 18 GW de nouveaux parcs éoliens entre 2022 et 2026. Or, les 27 devraient construire 32 GW par an pour atteindre l’objectif de 40 % d’énergies renouvelables que l’organisation s’est fixée.

Prévisions de WindEurope, février 2022

Ces prédictions inquiètent, d’autant que le rapport se veut très pessimiste : même si le niveau d’énergie éolienne parvient à être en hausse pendant la prochaine décennie, il serait encore loin de parvenir à ses objectifs à cause de problèmes présents dans la chaîne d’approvisionnement et de la longue obtention des permis de construction.

Des procédures qui ralentissent le déploiement éolien en Europe

Mais quelle en est la cause ? Le terrain, le financement ou encore la technologie ne ralentissent pas le déploiement éolien. C’est bien la lenteur des processus d’autorisation qui en est la principale cause. En effet, la livraison des éoliennes est deux fois moins rapide que ce qu’elle devrait être pour respecter les objectifs européens. Il faut donc faciliter l’autorisation de nouveaux projets sur tout le territoire afin d’accélérer nettement la cadence de la transition énergétique Européenne.

Les ministres de l’énergie de l’Union Européenne se sont donc réunis le 18 mai 2022 pour déclarer que des nouveaux parcs éoliens devraient être autorisés dans un délai de maximum deux ans. Ce délai doit couvrir à la fois :

  • L’obtention de l’ensemble des permis nécessaires à la construction.
  • L’évaluation de l’impact environnemental du projet.
  • L’obtention des permis de réseau.

Cette nouvelle politique énergétique de l’UE est appelée “RePowerEU”. Le plan d’action reconnaît donc que l’énergie éolienne doit être considérablement accélérée. Celui-ci est d’autant plus urgent que la Commission européenne souhaite rendre rapidement l’Europe indépendante des combustibles fossiles russes avant 2030, suite à la guerre contre l’Ukraine. Le déploiement accéléré d’éoliennes ne représente d’ailleurs qu’une seule partie de ce plan et appartient au groupe de mesures à moyen terme, à exécuter avant 2027.

La France présente un nouveau projet pour accélérer sa production d’énergies renouvelables

Le 26 septembre 2022, la France, bonne élève, a présenté en conseil des ministres le nouveau projet de loi pour l’accélération des énergies renouvelables. Ce dernier présente quatres leviers d’action, dont le premier est l’accélération des procédures administratives. Grâce à elle, le gouvernement prévoit de gagner une à plusieurs années de procédures lorsqu’il mène à bien un projet éolien. Actuellement, cinq à dix ans sont nécessaires. Ces mesures seraient temporaires et valables pour une période de quatre ans. L’objectif pour l’Hexagone est ainsi de multiplier par dix la production d’énergie solaire d’ici 2050, de déployer 50 parcs éoliens en mer et de multiplier par deux la production d’éoliennes sur terre. La France mise d’ailleurs sur le digital pour accélérer le développement éolien puisqu’il suffira d’une participation du public par voie électronique pour valider des projets solaires au sol de petite taille.

Il faut dire que l’État français ne fait pas partie des meilleurs dans le classement des pays européen qui produisent de l’électricité grâce aux éoliennes. En 2020, la France se classait 17ème. Sur la première partie de l’année 2022, elle a raccordé un gigawatt d’électricité supplémentaire, soit quatre fois plus qu’en 2021, grâce au raccordement du premier parc éolien en mer, vers Saint-Nazaire. Mais elle n’a atteint que 20 GW alors qu’elle doit produire 24,3 GW fin 2023.

L’Hexagone est très en retard dans sa transition énergétique par rapport aux autres pays européens

Dans ce graphique imaginé par Le Monde selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), on peut constater que la production française d’électricité grâce aux éoliennes sur 20 ans est nettement inférieure à celle des autres pays européens comme l’Allemagne et l’Angleterre. Les Allemands sont en tête avec 63,7 gigawatts, suivis des Britanniques avec 25,7 gigawatts. Les Français plafonnent quant à eux à 18,7 gigawatts de produits en 2021.

En cause d’abord, la période puisque la France s’est intéressée bien plus tard à l’éolien que les pays voisins. Notamment car le nucléaire a fait partie intégrante de la stratégie française. Les oppositions locales jouent aussi un rôle et freine le développement de l’éolien en France. Les projets sont en effet régulièrement attaqués devant la justice par les associations anti éoliennes. Mais le gouvernement est désormais bien décidé à booster sa transition énergétique et ambitionne de réaliser de gros projets. Par exemple, il a doublé la taille de la zone éolienne offshore prévue dans l’océan Atlantique vers Oléron. Ce défi se réalise tout de même dans un contexte tendu où la hausse des prix de matières premières rendent plus difficiles les investissements dans le secteur.

Un objectif de transition énergétique en Europe trop ambitieux ?

Au vu de ces éléments, il convient de se demander si les ambitions de l’Union Européenne en matière d’énergie éolienne ne seraient pas trop ambitieuses ? La conjoncture actuelle n’est pas très favorable à une accélération du développement de l’éolien. En plus de l’administratif trop complexe, la hausse du prix de l’acier et des matières premières pénalisent l’industrie et perturbent fortement le bon fonctionnement des chaînes d’approvisionnement internationales. Rappelons que quatre des cinq fabricants européens d’éoliennes fonctionnaient à perte en 2021. Afin d’assurer l’accroissement du rythme de production, l’industrie devrait recruter et se développer. Mais au contraire, elle ferme des usines et supprime des emplois.

En parallèle, le développement des énergies renouvelables en Europe représente l’occasion de réduire sa dépendance aux énergies fossiles et aux pays avec lesquels elle est en conflit. Un besoin urgent auquel les 27 comptent bien tenter de répondre avec une mise en place rapide de nouvelles mesures au fur et à mesure que l’échéance se rapproche. Ainsi, selon les prévisions de WindEurope, l’Union Européenne devrait installer 25 gigawatts de nouveaux parcs éoliens terrestres par an et 8 gigawatts d’éoliennes offshore jusqu’en 2026.