Les carburants de substitution obtenus à partir de biomasse (matière première d’origine végétale, animale ou issue de déchets) sont amenés à être employés de manière encore plus vaste dans le secteur du transport dans les années qui viennent. Pour venir compléter les carburants fossiles ou lorsque cela est possible les remplacer, les biocarburants semblent être la réponse la plus simple. Inutile de devoir changer le parc automobile existant, quelques ajustements à la marge seulement sont nécessaires. Mais la mobilité à moyen et long terme peut-elle reposer sur cette solution ? Des doutes sont permis. Evoquons le cas précis de l’automobile, tout en ouvrant les perspectives d’autres secteurs de transport, dans le cadre de la transition énergétique.
La place des biocarburants aujourd’hui et demain
Les carburants tels que le biodiesel fabriqué à partir d’huile de colza ou l’éthanol fabriqué à partir de maïs étaient autrefois considérés comme la meilleure solution pour les transports de demain. Pour pouvoir faire émerger une offre à faible émission de carbone, ils devaient être la clé. En 2011, l’Agence internationale de l’énergie prévoyait même que les biocarburants pourraient représenter 27 % des carburants utilisés dans les transports à l’échelle mondiale d’ici à 2050. Mais depuis 10 ans, les perspectives de développement ont changé.
La demande d’énergies renouvelables dans le secteur des transports est réelle, mais les solutions disponibles sont bien plus nombreuses. Ainsi, c’est l’hydrogène qui occupe désormais une place importante dans les perspectives pour les transports. La part escomptée pour les biocarburants ne cesse de diminuer, au profit de l’hydrogène… qui représente peut-être la réponse pour un avenir plus durable : grande autonomie permise, plein d’énergie rapide, aucune émission de gaz à effet de serre.
Mais alors, quel rôle peuvent jouer les biocarburants ? Leur principale contribution s’inscrit plutôt dans un avenir à court terme.
La production de biocarburants en plein dynamisme
Les règles à l’échelle européenne et mondiale sont de plus en plus strictes en ce qui concerne les émissions de polluants. En combinant à cela un contexte économique bien particulier, et des tensions sur le marché des carburants, et on obtient un cocktail parfait qui contribue aujourd’hui à faire émerger les biocarburants. De nombreuses raffineries ont réalisé des investissements massifs pour produire ces carburants plus propres, pour lesquels la demande est aujourd’hui forte. Tout est dans le vert ? Pas si simple.
Car les matières premières mobilisables pour les biocarburants sont limitées. L’Union Européenne a mis en place des règles strictes pour limiter à 7 % la part des cultures pouvant être utilisées comme matières premières pour les biocarburants. En appliquant les règles actuellement en place, les biocarburants ne sont susceptibles d’approvisionner qu’une partie du marché. De plus, la production de biocarburants est directement dépendante du prix du pétrole et du prix des matières premières telles que l’huile végétale. Autant d’éléments qui nous permettent de penser qu’il est très peu probable que l’on puisse un jour passer à 100 % de biocarburants.
Les biocarburants et leur rôle à jouer en dehors de l’automobile
Les biocarburants sont-ils condamnés à n’être qu’une solution de transition ? Au-delà du monde de l’automobile et des transports terrestres, il existe d’autres marchés pour lesquels les biocarburants présentent un avantage certain et immédiat. Les biocarburants permettent en effet d’emblée de réaliser une baisse forte des émissions de carbone ce qui en fait une solution très pertinente dans le monde marin ou aérien. Une compagnie maritime qui cherche à lancer aujourd’hui un nouveau navire de croisière ou de transport amené à sillonner les océans pendant plusieurs décennies a intérêt à effectuer ce passage aux biocarburants. Idem en ce qui concerne l’aviation. Boeing a déjà annoncé vouloir livrer des avions commerciaux capables de voler uniquement grâce à des biocarburants d’ici 2030. Le constructeur américain a d’ailleurs déjà effectué un vol commercial avec un avion alimenté exclusivement aux biocarburants. Il s’agissait d’un Boeing 777 Freighter de FedEx pour le transport de marchandises.
Le passage aux biocarburants est une solution de décarbonation pouvant être mise en œuvre immédiatement, avant qu’interviennent d’autres ruptures technologiques. Car les biocarburants ont un point faible : même avec de très nombreuses évolutions et une recherche poussée, leur coût de production est durablement très supérieur – de l’ordre du double – en comparaison à celui d’un carburant fossile. Et il risque d’évoluer à terme à la hausse en corrélation avec celui-ci… Une transition seulement semble possible, pour permettre en parallèle un changement radical ? Avec l’hydrogène, vraisemblablement. Et d’autres énergies encore inconnues à ce jour.