Le barrage de la Rance en Bretagne, une usine marémotrice hors du commun en Europe
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Le barrage de la Rance en Bretagne, une usine marémotrice hors du commun en Europe

Le barrage électrique de la Rance est une centrale électrique qui tire son énergie de la force de la marée. Longtemps considérée comme l’usine marémotrice la plus puissante du monde, elle a été détrônée en 2011. Elle reste une usine unique en son genre en Europe, et est capable de produire une énergie entièrement renouvelable ! Comment agit-elle pour la transition énergétique ?

Le fonctionnement du barrage de la Rance

Le barrage de la Rance est situé entre Dinard et Saint Malo, en Bretagne. Il mesure 750 m de long et 13.5 m de hauteur. Sa particularité réside dans le fait qu’il a été construit dans une zone où les marées sont très importantes. Ce barrage est également le seul au monde à être équipé de turbines de type « Kaplan », capables de fonctionner dans les deux sens de l’écoulement de l’eau.

Concrètement, le barrage de la rance repose sur les marées afin de produire de l’électricité. Elle utilise la variation du niveau de la mer qui monte et descend chaque jour (elle peut atteindre jusqu’à 13.5 m d’amplitude !). Lorsque la marée monte, l’eau est retenue par le barrage, créant ainsi une différence entre le niveau de la mer et la retenue d’eau. Lorsque la marée descend, l’eau est relâchée et traverse les turbines, entrainant ainsi la production d’électricité. Le barrage dispose de 24 turbines, qui ont une puissance totale de 240 mégawatts. La production annuelle d’électricité est de l’ordre de 500 millions de kilowattheures, soit l’équivalent de la consommation annuelle de la ville de Rennes.

Les enjeux liés à l’énergie marémotrice

L’énergie marémotrice est une source d’énergie renouvelable et non polluante, qui présente de nombreux avantages. Elle permet de produire de l’électricité de manière régulière et prévisible, contrairement à l’énergie éolienne ou solaire, qui dépendent des conditions météorologiques. Elle contribue également à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, en remplaçant des sources d’énergie fossiles telles que le charbon ou le gaz naturel. Enfin, elle peut contribuer à l’indépendance énergétique des pays, en réduisant leur dépendance aux importations d’énergie.

Cependant, l’énergie marémotrice présente également des limites et des contraintes. Tout d’abord, elle est tributaire du cycle des marées, ce qui limite sa disponibilité dans le temps. De plus, la construction d’usines marémotrices peut avoir un impact sur l’environnement, en modifiant les courants marins ou en perturbant la faune et la flore marine. C’est typiquement le cas avec le barrage de la Rance qui a provoqué un envasement et une modification totale de la faune locale. Les espèces de poissons plus petites et plus rapides sont les seules qui aient continué de proliférer dans l’Estuaire puisqu’elles peuvent passer à travers les hélices du barrage. Les plages, elles, se sont retrouvées ensevelies sous près de 3 mètres de vase. Cet envasement menace d’ailleurs le barrage lui-même, puisqu’il perd 1 % de sa capacité chaque année à cause de l’envasement qu’il provoque.

Le barrage de la Rance, une source d’inspiration pour l’avenir

Le barrage de la Rance est un exemple de réussite en matière d’énergie. Il démontre que la technologie marémotrice peut être viable et efficace pour la production d’énergie renouvelable à grande échelle. Le barrage a également inspiré la construction d’autres usines marémotrices dans le monde, telles que celles situées au Canada, au Japon et en Corée du Sud.

Aujourd’hui, l’énergie marémotrice est considérée comme une des solutions potentielles pour répondre aux défis énergétiques mondiaux, notamment pour les pays insulaires ou côtiers qui disposent d’un potentiel important en la matière. Des projets de grande envergure sont en cours de développement : l’usine marémotrice de la Baie de Fundy au Canada, qui devrait produire plus de 2 GW d’électricité, ou encore le projet Normandie Hydro, qui vise à installer une usine marémotrice de 1 GW à Cherbourg.